Jeunesse Burkinabé, bravo, mais l’Harmattan Africain n’est pas pour maintenant

1 novembre 2014

Jeunesse Burkinabé, bravo, mais l’Harmattan Africain n’est pas pour maintenant

Blaise Compaoré n’est plus au pouvoir.  La jeunesse Burkinabé  en deux jours a réussi à le déloger, décidant qu’elle lui a accordé trop de chance.  L’heure au Burkina est maintenant à mettre en place une transition en attendant les elections.  Un ami me disait ce matin qu’un vent nouveau soufflait sur l’Afrique.  Peut-etre que oui, mais je ne crois pas que ce soit le vent de l’harmattan pour l’instant.

La société civile Burkinabé a fait un bon travail, tellement bon que Blaise Compaoré qui pensait pouvoir rouler son peuple dans la farine avec le même discours qu’il ne prenait même plus la peine de modifier a finalement démissionné.  Dépuis que Blaise avait commencé à faire savoir ses intentions, l’opposition avait aussi commencé à organiser des réunions pour appeler au respect de la constitution, surtout le fameux Article 37.  En effet, qu’est-ce-qu’il y a avec nos Chefs d’Etats Africains?

Selon certaines sources, le Président Hollande aurait écrit une lettre à Blaise Compaoré pour lui mirroiter un poste international s’il respectait la constitution.  Mo Ibrahim pensait avoir trouvé la formule parfait en instaurant le Prix Mo Ibrahim faisant ainsi d’une pierre deux coups: bonne gouvernance et donc le bien-être du peuple, et beaucoup d’argent pour le président qui prendra ainsi une retraite dorée.  Pah!  C’est sans connaître nos Chefs.  Voici maintenant trois ans que le prix n’a été décerné à aucun Chef d’Etat Africain.  Peut-être que les honneurs qu’ils recoivent pendant leurs présidences sont plus que ceux d’un quelconque prix, fut-il le prix d’un fils de l’Afrique?

En effet, quoique noble l’initiative de Monsieur Mo Ibrahim, ce ne sont ni les prix, ni les promesses de haute fonction dans des organismes internationaux qui emmèneront nos Chefs à respecter la constitution.  Non, ce qui les fera prendre note sera plutôt la mobilisation d’une jeunesse qui en a marre et qui sortira affirmer ce ras-le-bol.  La jeunesse Burkinabé l’a fait et Blaise est parti.  La jeunesse Sénégalaise l’avait aussi fait et a obtenu le départ de Abdoulaye Wade.  Et cela, sans compter avec les jeunes du Printemps Arabe.

Cependant, je pense qu’il est encore trop tôt pour parler d’un harmattan Africain.  En fait, le 29 Octobre, quand je disais à des amis que Blaise tomberait, ils ne m’ont pas cru.  Je ne veux pas donner l’impression que j’ai une boule de cristal; je veux plutôt montrer que beaucoup d’entre nous en Afrique subsaharienne préfère encore le status quo, soit parce que nous avons peur – qui veut mourir? – ou par égoisme – qui veut mourir?  La révolution de la jeunesse Burkinabé semble ne pas encore emballée certains esprits.  Il aurait été intéressant si toute la jeunesse Africaine se sentait impliquée dans ce combat; après tout, nous avons des présidents tellement calés dans leurs fauteuils que l’on ferait bien de se poser la question de savoir s’ils n’ont pas été entretemps collés là avec une de ces colles très fortes.  Mais on est assis et on examine avec un brin de pessimisme – Compaoré est out mais est-ce-que cela veut dire que l’après Compaoré sera du beurre? – ou du fatalism pur et simple.  J’ai lu un commentaire qui disait que personne n’était éternel et que Blaise partirait bien un jour.  Je pourrai même aller loin et dire qu’il y a un sentiment de “C’est un problème des Burkinabé seulement.”

Voilà donc le problème et voilà pourquoi l’Harmattan Africain ne sera pas pour maintenant.  A mon avis, nous n’avons pas encore compris que nos présidents ont plus peur de nous que nous n’avons peur d’eux.  Mon ami me disait ce matin que nos présidents réaliseront maintenant qu’on ne peut pas tout imposer à un peuple et ils feront donc attention.

Personnellement je pense qu’ils savent cela; c’est pourquoi ils ne font rien pour créer des conditions de vie adéquates pour leurs peuples.  Système de santé à deplorer sinon ils n’iraient pas en Europe se soigner tout le temps.  Système éducatif n’existant que de nom.  Cherté de la vie…  Tout est mis en oeuvre pour nous garder affamés physiquement pour qu’on ne pense pas à notre faim intellectuelle.  Quant à faire attention, c’est d’être aux aguets et réprimer un petit brin de mécontentement comme ce fut le cas en Ouganda lors du Printemps Arabe.

Mais, un vent nouveau souffle.  Ce n’est peut-être pas le vent de l’harmattan mais il peut bien être le vent qui précède l’harmattan.  Après tout, affamée ou pas, la jeunesse Africaine commence à en avoir marre et elle fait sentir ce mécontentement.  Donc encore une fois, bravo à la jeunesse du pays des hommes intègres et espérons que leur exemple serve.

 

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